Leekens s’expliquera aujourd’hui sur ses choix

Le sélectionneur national, le Belge Georges Leekens animera, ce matin, un point de presse pour justement justifier ses choix et parler des objectifs de l’E.N. Une sortie médiatique attendue centrée, entre autres, sur la disparition de certains cadres, à l’image du tandem Medjani- Feghouli, et l’arrivée de nouveaux éléments, parmi lesquels le défenseur de l’USM Alger, Benyahia, et le retour de son camarade de club, Meftah, considéré actuellement, en plus de son capital expérience, comme le meilleur à son poste (arrière latéral droit) dans le championnat national. Un conclave méritant le détour à plus d’un titre.

Des choix et… des choix
Un évènement qui n’en est plus un. Une liste dans l’air mais sans véritables surprises. Rien de ce qu’on ne savait déjà, des noms ayant été avancés par quelques gorges profondes ou sources généralement bien «informées.» Qui ont finalement vu juste car bénéficiant de fuites organisées. Exit les Ziti et Ferhani, les deux représentants du championnat national lors de l’humiliation d’Oyo et cette lourde défaite (1-3) qui a fait tellement mal face au Nigeria sur la route du Mondial russe en 2018, le chemin étant désormais semé d’embûches puisque les Verts n’ont pratiquement plus leur destin en mains et doivent compter, en plus de leur talent, sur un improbable mais toujours possible miracle.

Un miracle qui passe par un carton plein, Mahrez et ses camarades étant invités, ni plus ni moins, qu’à remporter (en priant que le duo Nigeria-Cameroun, les deux autres candidats au seul billet mis en jeu dans le groupe, multiplie, on ne voit pas comment maintenant que les «Super Eagles» et les «Lions Indomptables» ont pris un petit ascendant psychologique, voire une sérieuse option, les faux-pas et donc les cadeaux) tous les matches encore au programme avant la date fatidique de novembre 2017, jour de l’ultime étape avant Moscou. Soit dans un peu moins d’une année.

On n’en est pas encore là. Pour dire que l’espoir, fut-il minime et le football, fidèle à sa logique, nous a habitués aux renversements de situations les plus imprévisibles, subsiste. En attendant (le mois d’août, en pleine canicule estivale et les grosses chaleurs que connaît le continent à cette période particulière de l’année) le retour aux engagements universels par le détour de la Zambie (une sortie loin d’être de tout repos), il faudra passer par l’étape gabonaise et la messe biennale du jeu à onze africain où les «Fennecs», bien que dans une phase de doutes, sont appelés à une véritable réhabilitation en se présentant, statut oblige, dans la peau de potentiel favori à la succession de la Côte d’Ivoire.

Noble mais tellement problématique défi que son public, encore sous le coup de la déception de l’échec retentissant et difficilement digérable en terres nigérianes, exige même s’il sait la concurrence impitoyable, le tournoi, des plus relevés, réunissant la crème de la crème continentale. A maintenant un peu moins de 15 jours de leur entrée officielle, le 15 janvier contre le Zimbabwe dans une partie qui devrait déjà décider de leur avenir dans cette édition et nous fixer sur les prétentions algériennes, le temps, pour les observateurs et autres critiques de football, est désormais à décortiquer la liste des «23» Verts appelés à aller défendre les couleurs nationales publiée samedi sur le site officiel de la FAF, soit 48 heures avant le délai fixé par l’entraîneur Georges Leekens, pour ce lundi (aujourd’hui) matin, dans une conférence de presse où il devait / devrait justifier ses choix, certains prêtant fort logiquement à commentaires.

A commencer par la disparition de l’échiquier des deux seuls locaux ayant fait le déplacement du Nigeria, en l’occurrence le sétifien Ziti (ESS), qui a joué 80 mn avant de céder sa place, et le Kabyle Ferhani (JSK), mais qui n’a pas joué. Pourquoi et comment interpréter cette éviction ? Test jugé non «concluant» pour le nouveau coach séduit apparemment par les profils des deux usmistes algérois, Meftah, en passe d’accomplir une des meilleures saisons de sa longue carrière et dont l’expérience pourrait servir dans une compétition aussi difficile que disputée que demeure la CAN, et bien sûr Benyahia, l’incontestable révélation de cette 1ère partie de championnat où il révèlera toute l’étendue de son talent dans un secteur défensif donnant bien des soucis à un staff technique pas encore remis du naufrage d’Uyo.

Enfin réhabilité, pour ne pas dire gracié, l’inamovible capitaine des «Rouge et Noir», Rabie, qui entame dans la foulée, un nouveau printemps et porte bien son prénom, sera, à coup sûr, un renfort de poids pour l’inévitable M’Bolhi qu’on savait incontournable dans les bois malgré le déficit flagrant accusé en termes de temps de jeu, et sa défense dont le rendement est sujet à débat. A bien des purs.

Feghouli-Medjani, pour l’exemple ?
La curiosité qui sera au centre de tous les débats lors de la rencontre de Leekens, aujourd’hui, avec les médias, sera sans nul doute la mise (c’était dans l’air) à l’écart, pour ne pas dire en «touche», d’un certain Sofiane Feghouli prié de rester à la maison et de suivre ses camarades à la télé. Avec, on l’imagine, une grosse pointe de déception lui qui évoquait, quelques heures à peine avant la publication de la liste définitive, l’E.N, au cours d’une interview accordée au site officiel de son club employeur, West Ham et à travers laquelle il soulignait son attachement au maillot national, en plus de rassurer les fans en leur promettant «une belle réaction lors de la prochaine CAN et, surtout, tout faire pour bien préparer cette compétition, de bien connaître nos adversaires et de se montrer résolus à réussir notre tournoi.» Pas besoin de deviner que l’équipe ira au Gabon pour «jouer à fond ses chances. Jouer tout simplement le titre.»

La suite, il l’a connaîtra sous forme de désillusion, Leekens ayant décidé de se passer momentanément de ses précieux services. Sa situation en club où il ne joue presque plus (il ne compte, depuis son retour de blessure, que des bouts de matches dans les jambes, donc un temps de jeu fantomatique) de rencontres officielles a-t-elle pesé lourdement dans la décision du technicien belge dont beaucoup ne manqueront pas de souligner le «courage» en sortant de ses plans un nom incontournable ? Aussi sûrement que d’autres questions s’imposent. La plus évidente étant liée, comme on le pressentait, à des raisons (plausibles et qui tiennent donc la route) purement disciplinaires, l’intéressé payant apparemment son influence «négative» sur le vestiaire (selon des informations jamais vérifiées et que l’intéressé démentira à plusieurs reprises) et son bras de fer avec l’ancien sélectionneur Rajevac qui se terminera sur un départ précipité (poussé vers la porte de sortie, dit-on) de ce dernier de la barre technique quelques jours après le nul concédé à Blida contre le Cameroun en entame des qualifications de la Coupe du monde 2018.

Présenté comme celui qui a pris la tête de la « rébellion », Feghouli, un pion indispensable pourtant, paie-t-il pour des écarts disciplinaires jamais rendus publics et ou ne serait-ce seulement que le sort qui lui est réservé à West Ham, c’est-à-dire des considérations purement sportives ? Dans tous les cas de figure, les fans le regretteront énormément lui dont la présence aurait pu aider l’équipe à un meilleur équilibre. Dans le même cas de figure, on retrouve un autre pion dont la silhouette manquera au Gabon, le longiligne défenseur, au fur et au moulin et dont l’engagement pour les couleurs et l’abattage sur le terrain faisaient de lui un autre pion indispensable.

La preuve est cette faculté à jouer les «bouches» trous à des moments cruciaux où l’arrière garde verte souffrait de l’absence de réel patron depuis le départ à la retraite des rugueux Bougherra- Antar Yahia. Le second banni, et de choix, s’appelle, on le devinera Carl Medjani, qui disait dans les heures précédant la «sanction» finale rendue par Leekens, se sentir encore en mesure de rendre service et aider l’E.N à réussir sa sortie gabonaise. A faire mieux. Sans entrer dans les détails sur les objectifs que se fixe justement et indépendamment de ceux du staff technique et des responsables de la Faf (pour ne pas de la tutelle et, partant, politiques), le vestiaire. En ne parlant jamais, et à juste titre pour qui connaît les réalités du football africain et les spécificités de ses compétitions (la CAN restant le top des tops, ouverte sur tous les scénarios et souvent gérés selon des critères sortis droit des coulisses) de consécration.

Donc point de promesses mais juste cette envie de ne pas se rater et de donner du bonheur à une opinion impatiente de revoir enfin ses favoris se reposer sur le toit d’Afrique. Des propos sortant rarement de leur contexte. Comme à l’arrivée (on reprend in extenso ses propos tout de discernement et de justesse après une prestation frisant le catastrophique et où il y avait beaucoup à dire) de cette correction infligée par le Nigeria qui remettait en question bien des convictions quant à la qualité de la sélection nationale actuelle qui et loin de rassurer, venait d’altérer ses chances de disputer un 3e Mondial consécutif. Morceaux choisis et déclarations qui semblent lui coûter cher. Sa place, tout court, en E.N, et la fin d’une aventure à un âge où l’on commence à réfléchir (on peut croire que c’est déjà tranché dans sa tête, sauf rebondissement) à la retraite internationale. Ce qui revient à parler (c’est injuste) d’une sortie par la petite porte pour un joueur qui a tout donné. Et cette déclaration restera comme la fin d’un cycle. Lisons : «Il ne faut pas se mentir, on n’arrive pas à gagner aussi souvent quand on le voudrait face aux grands d’Afrique, c’est un constat qu’on ne peut pas le fuir.

On nous considère comme une grande équipe, alors qu’on n’en est pas encore une. Maintenant, il ne faut pas trouver des excuses. Nous devons nous remobiliser, tenter de renverser la tendance même si ça sera compliqué.» Ce n’est pas vrai ? Si personne ne lui en a fait le reproche, cette mise à l’écart sonne en tout cas comme une sanction en mesure de donner à réfléchir au reste du groupe. On reviendra, dans nos prochaines éditions, sur ce vestiaire constamment en ébullition et présenté, par ailleurs, comme le canal par lequel toutes les décisions sont prises. Du choix des joueurs à celui du coach. Où est le vrai du faux ? Il est temps (peut-être après la CAN ?) de dire les choses comme elles sont. Pour l’intérêt d’une sélection qui mérite mieux que toutes ces rumeurs invérifiables. Pas de fumée sans feu, pour rester dans le vrai. A Leekens, aussi, de convaincre en justifiant ses choix. En espérant qu’il aura le courage de dire vrai. On en saura un peu plus ce matin ?