Les mots durs de Kourichi sur Madjer: » Il est en train de mentir à tous les Algériens »

Avec 3 Coupes du monde auxquelles il a pris part en tant que joueur puis entraiîneur adjoint, Noureddine Kourichi est l’un des éléments ayant eu la grande chance d’avoir porté le maillot national au plus haut niveau.

Après une année à Poissy où il a pris le club qui l’a formé il y a des dizaines d’années, il est actuellement à l’arrêt et cela lui permet de suivre l’actualité du foot de loin et, surtout, les nouveautés du côté de l’EN. Avec du recul, il peut très bien analyser la situation. Dans un entretien à Onze Mondial, il la décrit comme étant décevante, lui qui ne s’attendait visiblement pas à une telle chute vertigineuse, Kourichi pense que l’Algérie n’a que ce qu’elle mérite.

«L’Algérie a ce qu’elle mérite»

«L’Algérie a ce qu’elle mérite ! Maintenant, il faut que les dirigeants se posent les vraies questions : «Pourquoi cet échec ?» En deux mots, je dirais l’instabilité du staff avec à chaque fois des sélectionneurs qui ne peuvent pas travailler dans la durée… Depuis l’arrivée de Christian Gourcuff, il y a eu cinq sélectionneurs en trois ans. Il y a eu une instabilité et c’est mauvais aussi bien pour le sélectionneur que pour les joueurs. Je pense qu’il y a eu aussi des problèmes de discipline et de rigueur qui ont fait que l’Algérie n’a pas gagné un seul match durant la campagne qualificative pour la Coupe du monde 2018.»

«En sélection, Mahrez n’est pas le même joueur qu’en club»

Pour Kourichi les joueurs ont une part de responsabilité, il évoque le cas Mahrez qui est régulier en club et qui n’a pas le même visage avec les Verts. «Les joueurs n’ont pas les circonstances atténuantes, quand on évolue dans une équipe nationale, on doit assumer ses responsabilités, on porte un drapeau avec 40 millions d’Algériens derrière. Si on ne réussit pas, il faut en subir les conséquences.» Et de continuer : «En club, les joueurs sont à leur niveau. On prend l’exemple de Mahrez, quand il évolue dans son club, il garde à peu près son niveau en étant titulaire, en marquant des buts. Mais, lorsqu’il est en sélection, ce n’est pas le même joueur. Je crois que les joueurs ont leur part de responsabilité dans cet échec.

«Cette génération n’est pas dorée»

Longtemps décrite comme étant une génération dorée, l’actuelle génération a déçu, c’est pourquoi Kourichi ne mâche pas ses mots et trouve un peu exagéré cet adjectif : «Je ne suis pas convaincu. Pour moi, une génération dorée est celle qui gagne des choses», a-t-il dit.

«Madjer n’a pas de diplôme»

Kourichi qui en a visiblement gros sur le cœur continue à tirer sur l’actuelle EN, cette fois il revient sur l’installation de Madjer, il est hors de lui à cause de ce qu’il décrit comme étant ‘’un mensonge’’ de la part de l’ancien attaquant de Porto : «J’ai connu Madjer en tant que joueur, voilà. Mais apparemment, Rabah n’a pas de diplôme et quand il dit qu’il a un diplôme, il est en train de mentir à 40 millions d’Algériens et ça, je ne le conçois pas. J’aurais préféré qu’il dise : «Non, je n’ai pas de diplôme, mais je vais assumer mon poste de sélectionneur.» Là, je lui aurais tiré mon chapeau. Mais, mentir en disant qu’il a un diplôme, c’est faux.

«Je n’attends rien de l’Algérie»

Kourichi, qui a condamné l’agressivité qui a caractérisé la dernière conférence de  presse de Madjer, affirme qu’il n’attend rien de l’actuelle FAF, pourtant cette dernière est en train de réhabiliter les ancien internationaux, explication : «Je n’attends rien d’eux. Moi, ce n’est pas l’Algérie qui m’a fait venir, c’est un Bosniaque. C’est Vahid. Je ne suis pas surpris. Je connais le système, la mentalité… Cela est frustrant parce que j’ai tout fait pour être en règle. D’autres non et ils ont les postes. C’est la triste réalité. Je n’en veux pas aux gens, mais je préfère être droit dans mes bottes. Dans tous les cas de figure, je n’attends rien de l’Algérie. En revanche, avoir été international, avoir participé à trois Coupes du monde dont deux comme joueur, c’est une fierté.»

«Voilà ce qui a manqué à Vahid pour être un coach extraordinaire»

Kourichi qui a eu l’occasion de faire la Coupe du monde au Brésil n’a pas oublié les beaux moments qu’il a partagés avec Vahid et le reste du staff, il encense le Bosniaque et évoque la chose qui a manqué à l’actuel coach du Japon pour qu’il devienne extraordinaire : «C’est un homme vrai, un homme droit, un homme qui a ses principes, une autorité naturelle. C’est un homme très compétent dans le domaine tactique. Il lui manquerait simplement d’être un peu plus ouvert pour pouvoir être un sélectionneur extraordinaire. Vahid Halilhodzic, je l’ai connu lorsqu’il était joueur et ça a été la guerre pendant dix ans. Ensuite, on a pu travailler ensemble, c’est quelqu’un qui gagnerait à être reconnu.»

«Un pays qui oublie ses enfants est un pays qui n’a pas d’avenir»

Ces derniers temps beaucoup de choses ont été dites sur les binationaux et leur apport au football national, Kourichi y va de son commentaire, pour lui l’Algérie ne peut pas se séparer de cette catégorie et de ne se contenter que des locaux : «Ce que je peux dire, c’est qu’il y aura toujours des binationaux. L’Algérie ne peut pas se permettre d’avoir uniquement des joueurs locaux. L’équipe nationale, ce sont 23 joueurs dont 20 binationaux et 3 locaux. Il est où le problème ? Il est simplement dans la formation. Un pays qui oublie ses enfants est un pays qui n’a pas d’avenir… En France, on est 2 ou 3 millions et on arrive à sortir 20 binationaux. C’est extraordinaire. Pourquoi ? Parce qu’il y a la formation française qui est l’une des meilleures au monde, mais ce n’est pas normal qu’un pays comme l’Algérie puisse ne pas avoir de centres de formation. Et j’irais même plus loin en disant qu’à l’heure actuelle, l’homme le plus important du football algérien n’est pas le président de la fédération ou le sélectionneur. Avec le retard pris, ça doit être le DTN. Si l’Algérie travaille, elle pourra ne pas se contenter des binationaux, mais ce n’est pas demain la veille», conclut-il.

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