Belmadi et la réunion qui a tout changé…

Invité de la radio algérienne chaîne 3, Djamel Belmadi est revenu sur son année 2019 avec l’Algérie, et plus encore sur les événements qui ont jalonné son arrivée à la tête des Verts. Invaincu depuis 19 matches, le sélectionneur des Fennecs a notamment révélé qu’il avait récupéré un groupe dans un état déplorable avec des tensions extrêmes entre ses cadres. Extraits.

Au fond du trou ou quasiment à la fin de la séquence Rabah Madjer, l’Algérie a choisi Djamel Belmadi au mois d’août 2018 pour succéder à la légende du football africain. Pour l’homme providentiel des Verts, désormais sacré, tout a basculé le 9 septembre lors d’une réunion collective avec ses joueurs et tous les membres du staff. «J’ai été rapidement à l’essentiel en arrivant (…). Je connaissais les mentalités des joueurs locaux et ceux qui sont nés en France. Je savais ce que je voulais. Je sais le langage qu’il faut utiliser ainsi que les codes qu’il faut utiliser (..). J’ai commencé avec le groupe le 8 septembre, j’ai fait une réunion le 9 avec tout le groupe. On a parlé avec les joueurs après le dîner. Ce moment-là a été la rampe de lancement, le début du travail mis en place. Cela a duré quatre heures. Ils ont échangé pendant 3 h 45 et je me suis permis 15 minutes d’intervention sur la fin. Ils ont tout déballé. C’était une séance de thérapie de groupe. On a entendu des choses qui dépassent l’entendement (…). Il y a des choses qui ont été dites qui m’ont ému. On avait atteint un niveau d’incompatibilité entre certains. Il y avait du ressentiment (…). Le mal était très profond. Il a fallu panser des plaies ouvertes qui empêchaient tout esprit de groupe (…) Avoir autant de haine entre nous en Algérie, c’est choquant. Ça m’a attristé (…) Il y avait de l’hypocrisie. Il a fallu enlever des joueurs. À ce moment-là, ils ne pouvaient pas adhérer. Maintenant avec de la distance, peut-être qu’ils ont comprennent. Ce qu’il faut retenir de cette transformation, c’est qu’il a fallu prendre des décisions par rapport à ce qui avait été dit lors de cette réunion. Évidemment, il fallait aller chercher du sang neuf.»

«Youcef Belaïli, est-il blacklisté au niveau de l’État ?»
Djamel Belmadi est également revenu sur le cas de Youcef Belaïli, choix fort et payant du sélectionneur. Ex-grand espoir du football en Algérie, Belaïli était sorti des radars après un contrôle positif à la cocaïne en 2015 alors qu’il évoluait sous les couleurs de l’USM Alger. «Aujourd’hui, c’est facile de parler de Youcef Belaïli. Je vais vous faire une confidence. Lors de mon premier rendez-vous de travail avec le président Zetchi à Paris, on échange pendant 7 heures sur le travail à mettre en place. Puis vers 1 h du matin, je lui pose une question qu’il n’a compris qu’avec le temps, je lui dis : « Youcef Belaïli, est-il blacklisté au niveau de l’État ? Je ne sais pas, peut-être pour donner un exemple à la jeunesse. Là, il me regarde, et je vois qu’il se dit pourquoi il me parle de Belaïli. Il n’existe même plus. Il est hors des radars. Et puis, il me répond, non, on n’a jamais reçu aucune instruction à son sujet. Il me répète, non, non pas blacklisté. Il me demande pourquoi ? Je lui dis qu’on lui expliquera plus tard… Au 1er août 2018, je vous rappelle que Youcef Belaïli n’existait plus dans le football algérien…»
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