Pendant que l’Algérie exclu ses binationaux, la Tunisie en appelle 4

Après avoir réussi à convaincre trois jeunes binationaux ces dernières semaines à rejoindre les couleurs de la Tunisie (Mouez Hassen de Châteauroux, prêté par Nice, Ellyes Skhiri de Montpellier et Saïf-Eddine Khaoui prêté à Troyes par l’OM), Nabil Maaloul a réservé une surprise de taille dans sa liste pour les deux matches amicaux du mois, le 23 à Radès face à l’Iran et le 27 à Nice face au Costa Rica. Le sélectionneur tunisien a convoqué Yohan Benalouane, le défenseur central de Leicester, pour la première fois. Agé de 30 ans, le Franco-Tunisien profite notamment du temps faible d’Aymen Abdennour depuis la CAN 2017 pour venir postuler à une place chez les Aigles de Carthage dans la perspective du prochain Mondial 2018. Un Abdennour écarté qui ressemble véritablement à un vrai choix de Nabil Maaloul.

Benalouane en Premier League cette saison : 0 minute

C’est donc une relative surprise que de voir débarquer le joueur des Foxes avec la Tunisie. En effet, à l’instar de Wissam Ben Yedder, parti chez les Bleus, le défenseur a souvent temporisé le jeu avec la sélection maghrébine. Et, sur le plan sportif, il n’est pas au sommet de sa carrière et risque donc de jouer gros sur les deux matches à venir. Cette saison, l’ancien joueur de Saint-Étienne n’a pas disputé la moindre minute en Premier League avec Leicester. Profitant d’un peu de temps de jeu dans les coupes, où il totalise seulement 279 minutes jouées… À court de rythme, on ne sait pas où il en est vraiment, et s’il sera réellement en mesure d’apporter un plus dans le secteur défensif pourvu par des garçons comme Syam Ben Youssef ou le prometteur défenseur du CS Sfaxien, Yassine Meriah.

L’Algérie, l’exemple à ne pas copier

Au-delà même du terrain, le plus sensible est la question de l’intégration de nouveaux à quelques semaines de la Coupe du monde. En 2010, l’Algérie avait payé cash l’arrivée de sept joueurs au Mondial sud-africain qui n’avaient pas participé aux éliminatoires. Après une défaite en amical à domicile contre la Serbie (0-3) en mars 2010, Rabah Saadane a été gentiment invité à renouveler qualitativement son groupe. Il avait donc décidé de se passer de sept joueurs : le gardien Nassim Ousserir, les deux latéraux Slimane Raho et Réda Babouche, le défenseur central Zaoui Samir, ainsi que les deux attaquants Hameur Bouazza et Yassine Bezzaz. Il avait justifié cela en expliquant qu’il n’était pas là pour faire du social et que les couleurs de l’Algérie devaient avant tout être représentées le plus dignement possible. Résultat des courses : une ambiance qui avait changé au sein des Fennecs, et aucun but inscrit en Afrique du Sud…
«Il y a une notion de mérite, et quelque part on pique le fauteuil de quelqu’un qui a gagné sa place sur le terrain, et notamment en Afrique»
Dans les faits, comment peut-on espérer voir un groupe bien vivre alors que certains n’ont pas participé à la campagne des éliminatoires où les matches sont rudes et souvent âpres en Afrique subsaharienne ? Ce genre de combat forge un état d’esprit, et surtout une solidarité parfois sans faille entre ceux qui se sont battus les uns pour les autres dans des contextes difficiles. En privé, un joueur de la sélection algérienne nous a confié son sentiment sur cette situation : «Franchement, j’ai hésité. Ce n’est pas quelque chose de si simple à vivre. Parce qu’il y a une notion de mérite, et quelque part on pique le fauteuil de quelqu’un qui a gagné sa place sur le terrain, et notamment en Afrique. Évidemment, on peut attendre l’après-Mondial. Mais était-on certain d’en revivre un autre ?  En somme, il y a ceux qui font la « guerre » et ceux qui profitent de la victoire.»

«Ils jouent en Ligue 1, Ligue 2 et en Premier League. Je pense qu’ils peuvent nous être utiles, et qu’ils vont hausser le niveau de l’équipe nationale»

Face à cette question, Nabil Maaloul a été catégorique chez nos confrères de Goal : «On n’a pas de problèmes d’intégration. À chaque fois, on fait venir de nouveaux joueurs, qu’ils soient issus du Championnat local ou de l’étranger, et il n’y a jamais eu de problème», a-t-il expliqué. Et surtout, il a justifié ses choix : «Ce sont avant tout des joueurs confirmés. Ils jouent en Ligue 1, Ligue 2 et en Premier League. Je pense, et tout le monde le pense, qu’ils peuvent nous être utiles, et qu’ils vont hausser le niveau de l’équipe nationale. Ils jouent dans de grands Championnats et ça ne peut qu’être bénéfique à l’équipe.» Pour cette Tunisie, il faudra en effet du talent, mais aussi de l’équilibre sur le terrain et en dehors pour espérer sortir d’une poule relevée où ils retrouveront la Belgique, l’Angleterre et le Panama.
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